La traversée de la mer rouge
Combien d’Israélites ?
Le nombre d’Israélites sortant d’Égypte semble très important, trop ?
La confiance dans le matériel scripturaire nous mène à recevoir ce nombre de 600'000 fantassins comme juste – quand bien même il peut nous déranger.
Il est aussi à noter que la multiplication extraordinaire du peuple d’Israël en Égypte tient de la promesse divine, et qu’il est raisonnable de recevoir ces valeurs comme exceptionnelles.
Un recensement plus précis, en Nb 2, donne le chiffre de 603'550 (Nb 2.32).
L’itinéraire d’Israël
Ex 13.17 spécifie que Dieu ne conduit pas les Israélites par « le chemin du pays des Philistins ». Cet itinéraire longe la Méditerranée, passant au nord de la Péninsule du Sinaï jusqu’à Gaza. Elle est en effet la voie la « plus directe » pour atteindre Canaan.
La raison est d’éviter au peuple le découragement, s’il « voit un combat » et qu’il retourne en Égypte.
La route longeant la Mer Méditerranée était la route privilégiée pour les expéditions militaires égyptiennes vers Canaan. Il s’y trouvait certainement des postes frontières égyptiens et, vers la Bande de Gaza, des villes fortifiées.
L’itinéraire d’Israël est très disputé, notamment parce que la localisation des lieux-dits est incertaine, voire impossible à établir (à moins de nouvelles découvertes archéologiques décisives).
Le point de départ, Ramsès (12.37) est situé dans l’est du Delta du Nil : on l’identifie soit à Tanis, soit à Qanit.
La seconde étape, Soukkoth (litt. huttes, tentes cf. « fête des huttes » Dt 16.13) est souvent située près de Pitom.
Etham (13.20), qui est la prochaine étape, « en bordure de la steppe » n’a pas été défini.
La Mer des Joncs (Yam Souf) elle-même, est difficile à situer.
L’expression Mer Rouge semble dériver de la LXX (version grecque de l’AT) : Eruthrea Thalassa « Mer Rouge ». Un roi légendaire, Erythras, aurait régné, selon les Grecs, vers cette mer, dans la région correspondant à Edom (qui signifie rouge en hébreu).
D’autres relient le rouge à la couleur des montagnes bordant cette mer ou à celle des coraux.
Le terme hébreu traduit par « roseau » semble apparenté à un mot Égyptien – t(w)f – désignant le papyrus ou des marais à papyrus. En tout cas, il s’agit d’une plante aquatique.
Le Golfe de Suez a des bords très escarpés, et n’a pas de roseaux dans l’eau (salée).
Avant la construction du Canal de Suez, la région au nord du Golfe comprenait plusieurs étendues d’eau importantes (de grands lacs) et il est même possible que le Golfe de Suez allait plus vers le nord, entrant en contact avec ces lacs.
Le fait qu’Israël ne prenne pas le chemin des Philistins indique un mouvement vers le sud ou le sud-est : le pharaon pensera d’ailleurs que les Israélites « errent » (litt. : être dans la confusion, errer dans la confusion) : ils ne prennent pas la voie logique vers Canaan (14.3) et « la steppe s’est refermée » sur eux.
Les Israélites sont donc adossés contre un plan d’eau important, sans doute à l’ouest d’un des grands lacs au nord du Golfe de Suez.
Certains considèrent même qu’il serait question du Golfe d’Akaba, se basant sur le fait que Madian se trouve à l’est de ce bras de la Mer Rouge et que Paul affirme, en Ga 4.25 : « Agar, c'est le mont Sinaï en Arabie ». L’Arabie étant située à l’est du Golfe d’Akaba, le mont Sinaï ne se situerait pas dans la péninsule du Sinaï.
On peut aussi considérer que la région était marécageuse, ou le fond du plan d’eau assez vaseux, car Dieu « détourne » ou « ôte » les roues des chars Égyptiens (14.25), que l’armée ne pouvait plus que conduire « avec lourdeur » : on peut penser à une intervention du Seigneur, utilisant l’environnement naturel – comme la séparation des eaux de la Mer a été effectuée par la médiation de vents violents (14.21).
Dans le cantique de victoire qui suit l’événement, il est dit de YHWH : « Tu as soufflé avec ton souffle/vent », indique clairement l’intervention divine (15.10) – bien que « le phénomène de vents d’E et d’O inondant et ouvrant respectivement des voies dans ces lacs et plaines marécageuses persiste même dans les temps modernes ».
L’importance de l’événement
Le chant de victoire (15.1-19), entonné par Moïse après la traversée et l’engloutissement de l’armée du pharaon souligne plusieurs éléments importants : YHWH est le Sauveur d’Israël (15.2), punissant les Égyptiens, conduisant et rachetant son peuple en le menant vers la Terre Promise (15.12-13). La belle expression pâturage de ta sainteté est utilisée pour décrire Canaan – cf. Ps 79.7 : les nations ont « dévoré Jacob et détruit son pâturage » (idem en Jé 10.25).
La destruction des forces égyptiennes est rappelée dans le Deutéronome (Dt 11.4 : « Reconnaissez ce qu'il a fait à l'armée d'Égypte, à ses chevaux et à ses chars, comment il a fait couler sur eux les eaux de la mer Rouge, lorsqu'ils vous poursuivaient, et les a détruits pour toujours »), parmi les actes miraculeux de YHWH pour son peuple (alors que les plaies ne sont pas décrites avec plus de précision que « les signes et les actes qu’il a accomplis au milieu de l’Égypte contre le pharaon, roi d’Égypte, et contre tout son pays. » Dt 11.3).
Les Psaumes rappellent aussi l’événement :
- Ps 78.13 : YHWH a fendu la mer.
- Ps 106.6-12, qui évoque à la fois les murmures des ancêtres, qui n’ont pas compris les miracles et qui n’ont pas été reconnaissants, notamment « près de la mer des Roseaux » (v. 7b), mais qui ont abouti à la foi après la traversée victorieuse (v. 12 : « Alors ils ont cru à ses paroles, ils ont chanté ses louanges »). Fidélité vite oubliée : le Psaume saute directement à la grande révolte de Kadèsh et au châtiment de Dathan et Abiram. Intéressant parallèle de l’histoire de l’Exode entre, en quelque sorte, la « porte ouverte » du chemin vers Canaan et la « fermeture temporaire » de cet accès, avec l’errance de quarante ans.
- Le Ps 136 célèbre, en leitmotiv à chaque verset « Oui, sa bonté dure éternellement ». Les vv. 13-15 évoquent la traversée de la Mer des Roseaux et ils y précisent que YHWH y « a précipité le pharaon et son armée », ce qui semble indiquer que le roi est aussi mort dans l’aventure (ce qui n’est pas clair dans le texte de l’Exode).
- Néhémie, dans sa prière d’intercession pour le peuple de retour d’exil, souligne : « Tu as vu la souffrance de nos ancêtres en Égypte, et tu as entendu leurs cris au bord de la mer des Roseaux… Tu as fendu la mer devant eux et ils l’ont traversée à pied sec, tandis que tu précipitais leurs poursuivants au fond de l’eau, pareils à une pierre engloutie par des flots impétueux » (Né 9.9 et 11).
Intéressant de noter que les murmures des Israélites sont considérés de manière plus positive, comme un cri de souffrance analogue à celui qui s’exprimait lors de la servitude en Égypte.
Lecture néotestamentaire de l’événement
1Co 10.1-2 est le passage le plus significatif du NT sur l’évènement, car il en établit une lecture théologique : « Frères, je ne veux pas que vous ignoriez que nos pères ont tous été sous la nuée, qu'ils ont tous passé au travers de la mer, qu'ils ont tous été baptisés en Moïse dans la nuée et dans la mer… » établit un parallèle entre l’exode le cheminement spirituel du chrétien.
La traversée de la Mer des Roseaux est une image du baptême.
On peut noter la référence à la nuée, adjointe à celle de la mer.
Moïse est le type du Christ : comme Israël s’est engagé à la suite du prophète, les chrétiens suivent Jésus, quittant leur vie de péché pour entrer dans la promesse ; le baptême d’eau est le signe visible de cet engagement et de cette rupture d’avec le passé, comme la traversée de la Mer des Joncs a marqué le départ définitif du pays d’Égypte.
La nuée, dans le récit de l’Exode, accueille la présence divine et guide Israël.
Ex 13.21 : « YHWH allait devant eux, le jour dans une colonne de nuée pour les guider dans leur chemin, et la nuit dans une colonne de feu pour les éclairer, afin qu'ils marchent jour et nuit »
Ex 14.19 évoque aussi la protection contre les Égyptiens : « L'ange de Dieu, qui allait devant le camp d'Israël, partit et alla derrière eux?; et la colonne de nuée qui les précédait, partit et se tint derrière eux. » Notons la proximité des rôles de l’ange de Dieu et de la colonne de nuée, siège de la présence divine.
En conservant une typologie prudente, on peut considérer que Paul évoque, par la nuée, l’œuvre d’accompagnement de Dieu dans la démarche de conversion ; une grâce qui, bien sûr, rend les croyants responsables dans leur engagement envers le Seigneur : le propos de l’apôtre étant de les avertir contre les dangers de l’idolâtrie, en évoquant le manque de reconnaissance d’Israël lors de l’exode.
Hé 11.29 évoque l’événement comme une des démonstrations de foi des croyants de l’AT : « C'est par la foi qu'ils traversèrent la mer Rouge comme un lieu sec, tandis que les Égyptiens qui en firent la tentative furent engloutis. »
Robin Reeve
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5 Vidéo (4:16) Extrait : Le prince d'Egypte
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6 Vidéo (2:01) histoire racontée en image
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7 Vidéo (1:39) Superbook
Partie 1
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Partie 2
https://www.youtube.com/watch?v=Svc17Q_gwRw&ab_channel=SuperbookFR
8 Godly Play
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9 Vidéo Histoire racontée (3:40)
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