Préparation du moniteur
- Imprimez le texte
- Ayez l'aide d'un ou plusieurs aides-moniteur pour lire la voix de personnages du scénario avec du ton
Mot du moniteur
Vous allez jouer l'histoire de Marthe et Marie, vu par Marthe !
Explication
- Les enfants choisissent leur personnage et vont mettre des costumes de l'époque
- Les autres enfants vont regarder la saynète. Puis, inversez les rôles
- Le moniteur lit le texte avec du ton
Scénario (légèrement modifié pour faire jouer les autres personnages)
NARRATEUR : Marthe court, elle court dans tous les sens à la cuisine !
MARTHE : Travailler, travailler, travailler, je ne veux plus travailler. Notre ami de Nazareth vient chaque samedi chez nous pour déjeuner. Ils sont de plus en plus nombreux à l’accompagner. Ils discutent au salon. Ma sœur Marie, au lieu de m’aider, s’assoit près de lui et l’écoute parler. Comme le disait mon père, dans cette famille, il y a ceux qui travaillent, et ceux qui les regardent faire. Moi, je pense que Marie est une tire-au-flanc ! Est-ce que je philosophe, moi ? Surtout quand vingt-cinq personnes attendent le déjeuner !
Comme d’habitude, je suis seule pour tout faire. Ils s’installent, pendant que je cours dans tous les sens. Les boulettes de viande ne sont pas prêtes, les herbes ne sont ni lavées, ni hachées, l’ail n’est pas épluché, l’agneau est coupé, mais pas cuit, les marinades apprennent à nager dans l’huile d’olive, et les fruits ne sont pas disposés dans la corbeille. Tout est sens dessus dessous.
NARRATEUR : Pour couronner le tout, en tirant les galettes du four, elle se brûle. Le plat de viande tombe et se casse. Fatiguée de lutter contre les éléments, elle va chercher Marie.
Marie ne bouge pas, mais en plus notre ami de Nazareth dit à Marthe :
JESUS : « Marthe, pourquoi tu t’agites autant ? Fais comme Marie, elle a choisi la meilleure place. Viens t’asseoir avec nous. »
MARTHE : Là, c’est la goutte d’eau qui fait déborder le vase.
Nous sommes vingt-cinq. Rien n’est prêt, et lui trouve normal que ma sœur reste là, assise, à l’écouter.
Les bras m’en tombent.
Ecœurée, je retourne à la cuisine. Je me remets au travail.
Cette Marie… Ah si je pouvais passer mes nerfs sur elle ! Ça me ferait un bien fou !
Un peu plus tard, je leur apporte le repas, enfin, ce que j’en ai sauvé.
À leur tête, je devine que c’est un désastre.
Les boulettes sont trop cuites, l’agneau pas assez, et les marinades trop épicées, les fruits mal choisis, et le pain trop sec.
Elle repart à la cuisine… Elle craque.
Le soir, quand tout le monde est parti, Marie vient s’asseoir près de moi comme s’il ne s’était rien passé, et me raconte ce qu’elle a découvert.
Comme si je n’avais que ça à faire !
Je m’en fiche de sa théologie, et royalement !
Elle continue comme si de rien n’était. Elle dit :
MARIE : « Cesse de t’agiter, Marthe. Ton attitude ne fait pas avancer les choses plus vite. Viens avec nous la prochaine fois, et profite de l’enseignement du Maître. Il ne sera peut-être pas toujours là. »
MARTHE : Puis elle finit de ranger la cuisine.
Je la laisse seule.
J’en ai assez fait pour aujourd’hui. Le jour où elle comprendra qu’il faut vraiment s’y mettre pour que le monde avance, on inaugurera la semaine des deux Sabbats.
C’est pourtant simple.
Les hommes au salon, les femmes à la cuisine.
Même mon frère la soutient.
Et si elle avait raison ?
Et si elle avait raison ?
Qu’est-ce qui se passerait si on changeait nos traditions ? Ce serait la fin du monde !
Moi, j’ai besoin du travail pour exister. Mon plaisir, c’est de m’occuper des autres, de les régaler, et de les savoir heureux.
Pas plus tard qu’hier soir, elle est revenue à la charge.
MARIE : « Marthe, Jésus vient demain pour le Sabbat. Il m’a dit qu’ils seront nombreux. Je t’aiderai avant si tu veux, comme ça tu pourras participer à la discussion. »
MARTHE : Je n’ai rien répondu.
Et si elle avait raison ?
L’idée de m’asseoir et d’écouter me donne le vertige. On ne m’a pas éduquée comme cela.
Pourquoi insiste-t-elle ?
Pourquoi notre ami me taquine-t-il à chaque fois qu’il vient ? Qu’est-ce qu’ils ont tous à vouloir me changer ?
Est-ce que je me mêle de leurs affaires ?
Aujourd’hui, c’est Sabbat.
Ils sont tous là.
Ils ne sont pas vingt-cinq, mais trente.
Marie est avec eux.
Comme d’habitude, je suis dépassée par les événements. Côté salon, on parle, on rit.
J’ai eu envie de mettre une pancarte au-dessus de la porte.
« A l’auberge de Tibériade. Restauration et discussion. »
Et en tout petit, en dessous je vais ajouter :
« Certains travaillent ! N’oubliez pas le service ! Merci ! »
NARRATEUR : Soudain la porte s’ouvre. Marthe sursaute : voilà la corbeille de fruits par terre !
MARTHE : « Qu’est-ce que tu m’as fait peur ! Jésus, regarde ce que tu m’as fait faire ! Un désastre ! Je suis en retard, et en plus tu mets tout par terre, tu n’es vraiment pas possible ».
NARRATEUR : Il entre, il se baisse pour ramasser les fruits un à un avec précaution, et les remet dans la corbeille.
Marthe n’en croit pas ses yeux.
NARRATEUR : Un homme dans une cuisine. On n’a pas vu ça à Tibériade depuis des années.
Il prend la corbeille de Marthe, va au salon, revient, et lui demande ce qu’il peut encore emporter.
Il dit à Marthe :
JESUS : « Laisse tout ça, Marthe, et viens nous rejoindre ».
NARRATEUR : Marthe est toute rouge, elle bafouille, ne sais plus où se mettre. Elle essuie ses mains sur son tablier, l’enlève, réajuste son voile… Elle va rejoindre tout le monde dans la pièce d’à côté.
Elle s’assied dans un coin, se fait toute petite.
Elle s’aperçoit qu’il manque de l’eau. Elle en profite pour repartir à la cuisine.
Vingt fois Jésus est venu la chercher, vingt fois, elle est repartie en courant, pensant qu'elle n’était pas à sa place.
Elle a fini par se laisser faire. Il a recommencé le samedi suivant et tous les autres.
MARTHE : Depuis, je ne culpabilise plus. Ce qui n’est pas fait attendra. Après tout, ce n’est pas la fin du monde. On mangera mieux ce soir !
- Personnages
- Narrateur
- Marthe
- Marie
- Jésus
- Les amis de Jésus (figurants)
- Accessoires
- Casseroles, louches, pots en terre, etc.
- Un tapis et des coussins pour le salon
Laurence Fouchier
http://www.pointkt.org/contes-et-narrations/texte-du-pasteur-comenne-laurence-fouchier/