Le sacrifice d’Isaac ou la ligature d’Isaac – Genèse 22
Les faits
Voici la version biblique judéo-chrétienne. Un jour, Dieu dit à Abraham d'offrir Isaac en holocauste sur le Mont Moriah. Abraham fend des bûches, et part avec Isaac, un âne et deux serviteurs. Après trois jours de marche, il dit aux serviteurs de garder l'âne, et qu'il va se prosterner plus loin avec son fils. Il charge Isaac des bûches. Sur la route, Isaac demande où est l'agneau qui sera sacrifié, et Abraham répond qu'il s'en remet à Dieu. Une fois arrivés, Abraham élève un autel, dispose les bûches et lie son fils au bûcher. Alors qu'il tend la main pour immoler Isaac, un ange, crie à Abraham d’épargner Isaac. Un bélier, qu'Abraham voit pris au piège dans un fourré, est sacrifié à sa place. (Le sacrifice d'enfants était une pratique répandue chez les peuples sémitiques).
Dans le Coran, l’histoire du sacrifice d’Abraham ne mentionne pas le nom du fils sacrifié, et n’indique pas qu'il s’agit de son propre fils. Plus tard, des érudits de l'islam comme Ibn Kathir (14e siècle) ont apporté des arguments pour montrer que le sacrifice envisagé par Abraham était celui d’Ismaël. Selon les écrits, Dieu demanda à Abraham le sacrifice de son fils « unique » et Ismaël étant l’aîné, il serait donc le « fils unique » jusqu'à la naissance d'Isaac. C'est actuellement l’interprétation courante en Islam. Isaac fait alors partie des prophètes de l’Islam ; c’est un patriarche qui a porté le message du monothéisme, souvent associé à son père Abraham ou son frère Ismaël.
Sens du sacrifice
Le sacrifice est un acte commun à toutes les religions de l’Antiquité. Au départ, sa signification n’est pas la privation et le dépouillement, mais au contraire le don le plus généreux possible à une divinité dont on veut obtenir la récompense, la grâce ou le pardon. La Bible n’échappe pas à cette tradition et l’on y pratique volontiers les sacrifices d’animaux et de végétaux ; cependant, elle récuse absolument les sacrifices humains qui étaient encore pratiqués dans la société cananéenne de l’époque : sacrifier un enfant, notamment un premier fils, devait calmer les fureurs d’un dieu jaloux du bonheur de l’homme ou fâché pour une raison subjective.
L’épisode du sacrifice d’Isaac est, et a été l’objet de très nombreux commentaires et a toujours suscité perplexité, incompréhension et indignation : comment un Dieu d’amour peut-il avoir une exigence aussi monstrueuse ? Il est sûrement important de remettre l’épisode dans son contexte ; à l’époque, comme on l’a vu, les sacrifices humains étaient courants, ce qui explique qu’Abraham l’entende ainsi. Il semblerait, selon la tradition la plus répandue, notamment dans le christianisme, que le coup de théâtre divin substituant au dernier moment un bélier au fils d’Abraham démontre avec force le refus absolu par Dieu de tout sacrifice humain.
L’épisode du sacrifice d’Isaac serait donc une sorte de mise en scène pédagogique pour faire comprendre à Abraham que son Dieu n’est pas un de ces dieux jaloux à qui l’on offre un enfant en pâture, mais un dieu « autre », indescriptible, invisible et unique, un Dieu d’amour, bien loin des figures anthropomorphiques des divinités d’alors.
La leçon de cet épisode est donc sans équivoque : c’est une mise en scène dramatique pour signifier aux hommes qu’on ne peut désormais plus jamais se croire autorisé à porter la main sur un autre homme au nom de Dieu.
Le fait que le sacrifice n’ait pas lieu est révolutionnaire : le message qui en résulte rejoint celui des dix commandements : ce Dieu est un Dieu d’amour et de justice qui refuse la violence et plus encore, celle qui est faite en son nom.
Interprétation chrétienne
Le sacrifice (littéralement la ligature) d'Isaac est mentionné dans le Nouveau Testament, dans l’Epître aux Hébreux, comme l'un des nombreux actes de foi apparaissant dans l’Ancien Testament : « C'est par la foi qu'Abraham offrit Isaac, lorsqu'il fut mis à l'épreuve, et qu'il offrit son fils unique, lui qui avait reçu les promesses, et à qui il avait été dit : En Isaac sera nommé pour toi une postérité. Il pensait que Dieu est puissant, même pour ressusciter les morts?; aussi le recouvra-t-il par une sorte de résurrection. » (Hébreux 11 :17-19).
L’auteur de l’épitre considère ici que la foi d'Abraham en Dieu avait une telle force qu'il se sentait assuré que, si Dieu lui permettait d'accomplir la tâche qu'il lui avait ordonnée, il serait en mesure de ressusciter Isaac, afin que sa prophétie se réalise. (Genèse 21 :12) Une telle foi en la Parole de Dieu et en sa promesse font de ce passage spécifique de l'Ancien Testament un exemple de confiance significatif (et exemplaire) aux yeux de nombreux chrétiens.
La majorité des commentateurs chrétiens considèrent que cet épisode préfigure le plan de Dieu de voir son Fils, Jésus, mourir sur la croix pour l'humanité tout entière. La soumission d'Isaac durant toute cette rude épreuve est également semblable à celle du Christ, les deux choisissant d'abdiquer leur propre vie pour que la Parole de Dieu soit accomplie : en effet, la Genèse ne fait mention d'aucune lutte entre Isaac et Abraham. Par ailleurs, les deux histoires montrent qu'Isaac et Jésus portent le bois nécessaire à leur propre sacrifice en haut de la montagne.
La Genèse affirme que la ligature a eu lieu « au pays de Morija» (Genèse 22 :2). Au sein du christianisme, on a spéculé pour savoir si le sacrifice d'Isaac a eu lieu sur le Mont du Temple ou sur le Calvaire, la colline où le Christ a été crucifié, ou ailleurs. Certains chrétiens considèrent les paroles d'Abraham « Sur la montagne de Dieu, Yahvé pourvoit (Genèse 22 :14) comme une prophétie que c'est à cet endroit que Dieu pourvoirait au sacrifice du Christ, donc le Calvaire. Une explication alternative suggère que le Calvaire se situait sur une partie du Mont Morija, le Mont du Temple, qui a été séparé de l'ensemble rocheux afin de permettre la fortification et la défense de Jérusalem. Selon cette lecture, la crucifixion aurait alors eu lieu sur la même montagne.
On est donc en présence d’un exemple typique d’interprétation typologique : Abraham préfigure Dieu le Père, Isaac obéissant et soumis typifie Jésus et son acceptation de la volonté de son Père, le bois du sacrifice porté par Isaac typifie le bois de la croix porté par Jésus. A contrario, Jésus d’homme-Dieu qu’il était devient l’Agneau, selon l’annonce prophétique faite par son petit-cousin Jean-Baptiste.
Jean-François Bussy
Dieu a tant aimé le monde... Jean 3:16
https://jemaf.fr/chant=jemk027
https://www.youtube.com/watch?v=I7RnX655XR8
https://www.youtube.com/watch?v=KCDpb8fY-No&list=OLAK5uy_n9csCOPvOctYE3R5bL2KhbBo8-ysyqA6I&index=4
https://www.freebibleimages.org/illustrations/abraham-isaac/
2 Panorama de l'histoire
https://slideplayer.fr/slide/442564/
3 Vidéo : Playmobils (4:37)
https://www.youtube.com/watch?v=dc0VOpsAmd4
4 Vidéo : Buki's Story Land (3:27)
https://www.youtube.com/watch?v=dFn_9MSYJbs
4 Vidéo histoire racontée en images (2:12) ww.theobule.org
https://www.theobule.org/video/isaac-vivant-sur-la-montagne/98
5 vidéo : (4:57)
https://www.youtube.com/watch?v=Z_DmlGJztRg