Des mages veulent voir Jésus

Il y a deux personnages qui jouent un rôle important dans cette histoire : Hérode et les mages.

Hérode

Hérode le Grand, était le roi de Judée. Hérode est placé sur le trône de Jérusalem par les Romains. Pour consolider sa souveraineté, il retire le pouvoir politique aux prêtres qui dirigeaient la Judée depuis le début de l'époque du Second Temple. Pour écarter toute rivalité politique susceptible de menacer son pouvoir, il fait assassiner son épouse Mariamne ainsi que plusieurs de ses enfants.

Mais sa réputation de cruauté est surtout due à ce passage connu sous le nom de massacre des Innocents (le meurtre de tous les enfants de moins de deux ans dans la région de Bethléem).

Nous savons juste que cette nouvelle troubla Hérode, car il était très conscient du désir des Juifs de se débarrasser du joug romain et de son propre règne en particulier. Hérode était un Édomite, un descendant d'Esaü, et il ne pouvait pas ignorer la perspective de l'apparition d'un Messie juif. Hérode est devenu tellement furieux qu’il a ordonné la mort de tous les bébés de moins de 2 ans dans tout Israël.

Joseph, prévenu par un songe, s'enfuit avec l'enfant Jésus et sa mère en Égypte, où ils restèrent jusqu'à la mort d'Hérode. Cependant, comme le fils d'Hérode, Archélaüs, régnait sur la Judée à la suite de son père, par prudence, Joseph s'installa avec sa famille à Nazareth en Galilée.

L'Egypte était un pays-refuge à cette époque. Sa frontière était à seulement 75 km de Bethléem, elle a permis d'échapper à la haine d'Hérode. En Egypte, Hérode n'y avait aucune autorité.

Les mages

Les mages, qui n’étaient ni rois ni mages et en plus, nous ne connaissons pas leur nombre. Ils étaient des astronomes. Ils étudiaient les étoiles. Dans le monde ancien, il y avait cette croyance que nous connaîtrions l’âme et le destin humaine à travers l’étude de l’univers crée. Donc, ces astronomes aperçoivent une étoile qui annonçait l’arrivée d’un roi. Ils étudièrent alors les écrits de ce peuple qui attendait un roi pointé par l’étoile.

L’Evangile de Mathieu les appelle de mages (mot en grec : magoï), mais Matthieu ne les qualifie pas de rois. L'idée de leur origine royale apparaît chez Tertullien au début du 3e siècle et leur nombre est évoqué un peu plus tard par Origène. Certaines traditions chrétiennes, témoignant pour la première fois vers le 8e siècle, les popularisent sous les noms de Melchior, Gaspard et Balthazar.

Le thème des rois mages peut s'éclairer par une lecture théologique du Psaume 72 :7, voulant que la nature messianique de Jésus soit reconnue par des personnages importants, les mages, comme par le petit peuple, les bergers.

Le fait que l'épisode oppose le roi Hérode à Jérusalem au roi Jésus à Bethléem établit un parallèle avec le passage de l'Exode, qui oppose Pharaon à Moïse dans le dessein d'exposer comment Jésus accomplit la figure de Moïse. C'est d'ailleurs Dieu lui-même qui s'oppose au projet d'Hérode en s'adressant directement aux mages pour les détourner du souverain.

Trois présents

Le récit de Matthieu évoque trois présents : or, encens et myrrhe, bien que certains spécialistes estiment désormais que, plutôt que « d’or », il s'agisse d'une troisième substance aromatique, peut-être de l'ambre jaune. Quoi qu'il en soit, d'innombrables interprétations symboliques ont été attachées à ces présents à travers les siècles.

Chez différents auteurs chrétiens antiques, l'or évoque la royauté de Jésus, l'encens évoque tantôt sa dimension sacerdotale, tantôt sa divinité et la myrrhe — un parfum qui servait à embaumer les morts dans l'Antiquité — tantôt sa dimension prophétique, tantôt son humanité. On retrouve cette symbolique de la triple nature du Christ à travers les présents — royale avec l'or, humaine avec la myrrhe, divine avec l'encens.

L'étoile

Maintenant, concernant cette fameuse « étoile » - qui dans Matthieu guide les mages - semble s'être développé à partir de la prophétie de Balaam sur l'étoile qui figure dans le Livre des Nombres 24 :17, considérée par les Juifs contemporains de Jésus comme une prophétie messianique, annonçant la venue d'un rédempteur.

Différentes interprétations astrologiques ont proposé une « triple conjonction » de Jupiter et de Saturne en -7, une conjonction impliquant une série de planètes et l'étoile Régulus vers -3/-2, un lever héliaque de Jupiter et son occultation par la Lune en -6 ou encore une conjonction de Saturne et Vénus en -2. On trouve également des tentatives d'explications astronomiques comme le passage de la comète de Halley en -12, l'apparition d'une nova ou d'une comète vers -5/-4 ou d'autres phénomènes comme des supernovæ, des météorites, une étoile mouvante… mais aucune de ces théories ne dépasse le stade de l'hypothèse et aucune ne convainc les chercheurs contemporains. Il est cependant envisageable que l'auteur matthéen ait été inspiré par le passage de la comète de Halley en 66 pour nourrir son récit. Néanmoins, la recherche contemporaine s'accorde sur la dimension légendaire et fictionnelle de l'épisode auquel l'astronomie ne peut apporter de réponse.

Un Messie à Nazareth ?

Il n'y a aucun passage de l'Ancien Testament qui prédit que le Messie viendrait de Nazareth ou que les gens l'appelleraient un Nazaréen. Comment alors Matthieu pourrait-il dire que Jésus a accompli l'Écriture ? L'explication la plus probable semble être que Nazareth était une ville particulièrement méprisée dans la région de Galilée à l'époque de Jésus (Jean 1 :46 ; 7 :42, 52). Plusieurs des prophètes de l'Ancien Testament ont prédit que les gens mépriseraient le Messie (Ps. 22 :6-8, 13 ; 69 :8, 20-21 ; Ésaïe 11 :1 ; 42 :1-4 ; 49 :7 ; 53 : 2-3, 8 ; Dan. 9 : 26). Matthieu revient souvent sur ce thème du mépris de Jésus (8 :20 ; 11 :16-19 ; 15 :7-8).

Au premier siècle, les Nazaréens étaient des gens méprisés et rejetés, et le terme « Nazaréens » était utilisé pour reprocher et faire honte (Jean 1 :46). Les prophètes ont enseigné que le Messie serait un individu méprisé et rejeté (par exemple Es. 53 : 3) et cela est résumé par le terme « Nazaréen ».

Matthieu, encore une fois, a récapitulé la vie et les expériences de Jésus comme celles de Moïse. Moïse avait également été la cible du dirigeant de son époque qui cherchait à le détruire ainsi que tous les autres bébés hébreux mâles en ordonnant de les tuer (Exode 1 :15-22). Matthieu voulait que ses lecteurs voient Jésus comme un second Moïse ainsi que le véritable Israël.

Léo Garcia / 2022